PROFILS DE PAUVRETE VILLAGEOIS Analyse selon l’Approche des Moyens d’Existence Durable |
RAPPORT
D’ANALYSE REGIONALE |
L’étude des moyens d’existence durable des ruraux pauvres réalisée dans treize régions de Madagascar s’est inscrite dans le cadre de la préparation du nouvel Exposé des Options et Stratégies d’Intervention pour le Pays (COSOP). Elle s’est basée sur l’Approche des Moyens d’Existence Durable (AMED) qui cherche à relier les facteurs de vulnérabilités et le milieu institutionnel et les politiques, les stratégies et les aspirations des différents groupes au sein de la population. Tous ces éléments jouent sur l’interaction entre les différents niveaux (la personne, la famille, la communauté, les organisations, les collectivités territoriales et l’État). L’AMED vise à valoriser les forces et les dynamiques des pauvres et à faciliter leur intégration dans les processus de développement.
Cet exercice s’est déroulé sur le terrain avec pour priorité de donner la parole aux pauvres afin de connaître leurs forces, aspirations, contraintes, vulnérabilités et les facteurs qui influencent leurs moyens d’existence. Donner la parole aux pauvres permet, dans un premier temps, de dégager les dynamiques de vies, leurs stratégies et capacités de résilience face aux chocs et vulnérabilités, de comprendre les mécanismes relationnels avec le monde extérieur (famille, collectivité locale, institutionnel,…). Elle permet également d’identifier les catégories et les problématiques propres des différents groupes, y compris les plus vulnérables, d’obtenir un éclairage concret des thématiques liées la pauvreté, d’identifier des mécanismes afin que leur voix soit entendue et devienne partie intégrante des stratégies de développement durable tant au niveau local que régional.
Dans un deuxième temps, les résultats sont discutés au niveau de la communauté, et au niveau communal et régional, afin de dégager des éléments de réflexion qui s’appuient sur ces dynamiques sociales. Ils orientent la réflexion sur la recherche de mécanismes pouvant contribuer à la réduction des inégalités entre les différentes couches sociales au sein d’une même communauté en mettant un accent particulier sur l’inclusion sociale des plus pauvres. D’autre part, il est essentiel d’assurer une articulation réelle avec les politiques de croissance en inscrivant les orientations et les stratégies pro pauvres dans une vision communale, régionale et nationale.
Une « carrefour », disposant d’un vaste potentiel foncier:
La région Ihorombe, avec comme chef lieu la ville d’Ihosy est située dans le Centre Sud de Madagascar. Elle fait partie de la Province de Fianarantsoa et constitue une zone de transition entre le socle cristallin des Hautes terres centrales et les vastes étendues sédimentaires du Sud-Ouest malgache. L’Ihorombe constitue également un « carrefour » à la travée des pôles économiques du Sud-Ouest, du Sud Est et des Hautes Terres.
L’Ihorombe s’étend sur une superficie de 26.930 Km², répartis en trois districts (Ihosy, Ivohibe, et Iakora), et vingt six Communes. L’Ihorombe compte 205 466 habitants (sources DIRA Fianarantsoa 1998 et 2001) en majorité rurale (84,5%) et dont 61% résident dans le district d’Ihosy, 21et 18% résident respectivement dans les districts d’Ivohibe et d’Iakora. La densité moyenne de la population est de 6,5habitant/km², l’une des plus faible du pays.
Les premières vagues de migration étaient originaires du Sud Est (Antaisaka) et du pays Betsileo, essentiellement composées d’agriculteurs. Pour la plupart métayers des premiers occupants de la région (Bara), ces nouveaux arrivants ont contribué à consolider les pouvoirs en place (enrichissement par la rente foncière). Le développement progressif des activités agricoles orientées vers le marché, le dynamisme et la solidarité des nouveaux arrivants marginalisent petit à petit les éleveurs bara, qui perdent le contrôle de leur espace. Les appropriations « anarchiques » de terres (Les nouveaux colons considèrent les occupations spontanées comme un droit à la propriété) ont contribué à multiplier les situations de conflit.
D’autres ethnies minoritaires sont présentes dans la Région : Merina, Antemoro, Antandroy.
L’Ihorombe, zone de transition, bénéficie à la fois d’un climat tropical d’altitude dans la partie Est, et d’un climat tropical sub-humide dans la partie Ouest et Sud-Ouest. La température moyenne annuelle est de 19,5°C et la pluviométrie annuelle varie de 800 mm (district d’Ihosy)à 1200 mm (district d’Iakora). La faiblesse du couvert végétal stimule des phénomènes d’érosion par ruissellement très actifs. Le réseau hydrographique dense et pérenne représente un atout non négligeable pour le développement de la riziculture irriguée et de la pêche. Les sols ferrugineux tropicaux et ferralitiques rouges de l’Est complètent les formations sédimentaires du Sud-Ouest. En particulier, les grés ruiniformes du massif de l’Isalo, représentent un potentiel écologique et touristique important. Dans l’ensemble, la couverture végétale est constituée de savanes boisées (districts d’Ivohibe et d’Iakora) et de savanes herbeuses à dominance d’Andropogonacées (district d’Ihosy), de bonne qualité fourragère. Malheureusement, la Région est parcourue annuellement par des feux de brousse qui dégradent la qualité du couvert végétal et des sols peu évolués.
Les principales activités de la Région sont l’agriculture, l’élevage, le tourisme et le secteur minier. L’agriculture s’organise principalement dans les dépressions, les baiboho et les de bas-fonds. 100000 hectares seraient mis aujourd’hui en valeur, principalement en riz ( 21000 ha, 75% des surfaces agricoles), manioc ( 4000 hectares), haricot et maïs ( 1500 ha). Le manioc est cultivé principalement par les bara, dans le but d’acquérir des zébus. Les cultures de rente sont liées aux spécificités agro climatiques qui prévalent (café et canne à sucre à l’Est, coton et arachide au Centre et au Sud Ouest,…). L’arboriculture fruitière (agrumes, bananes) se développe de plus en plus. Le café Arabica est surtout cultivé dans la partie orientale avec un faible rendement et une stagnation des superficies. La région est néanmoins déficitaire en riz.
L’élevage bovin (216000 têtes) est surtout développé sur les pâturages des zones de plateaux, et concentré dans le district d’Ihosy (72% de l’effectif). L’exploitation du troupeau par les bara est avant tout cérémonielle (bœufs sacrifiés ou offerts lors des fêtes traditionnelles, funérailles et circoncision). La vente de têtes ne s’effectue qu’en cas de difficulté financière grave ou inattendue (production insuffisante pour se nourrir). L’utilisation des bœufs est courante pour le transport et le travail agricole, en particulier, le piétinement des rizières. La possession de zébus conditionne les superficies que peuvent exploiter les ménages agricoles. Les familles qui n’ont pas de zébus recourent aux prêts, ce qui retarde fréquemment leur calendrier, avec souvent des répercussions importantes sur la production (La durée du cycle cultural dépasse largement la date de la fin des pluies). Les grands éleveurs « mpanarivo » sont ceux qui récoltent les plus grandes quantités de riz et de manioc. Les vols de bœufs constituent un fléau qui est un handicap pour la sécurité rurale et le développement de l’économie régionale. Le vol de bœufs fait partie intégrante de la culture pastorale (Bara, Mahafaly ou Antandroy). Le potentiel de pâturages pourrait faire de la Région Ihorombe un grand bassin d’élevage, spécialisé dans la naisserie et l’embouche.
La Région a un potentiel minier non négligeable. Plusieurs milliers de petits prospecteurs ont été recensés. Ils exploitent de manière peu rationnelle des ressources variées et importantes (pierres précieuses, fines, industrielles…).
La Région dispose également de nombreux sites à vocation écotouristique, en particulier : le Parc National de l’Isalo (Ihosy), la réserve naturelle de Kalambatritra Iakora, la Réserve Spéciale du Pic d’Ivohibe. L’écotourisme par le biais des taxes sur les entrées dans les parcs, permet de financer des activités de développement pour la population riveraine des Aires Protégées.
La Région souffre de l’insuffisance voire du manque d’infrastructures sociales de base, économiques et administratives. La couverture en infrastructures et personnels sanitaires et éducatifs est faible et inégalement réparti. Il n’existe qu’un seul Lycée à Ihosy pour toute la Région. Le taux d’analphabétisme est très élevé.
L’effet de l’enclavement, lié à la dégradation du réseau de pistes, est durement ressenti par les populations des districts d’Ivohibe et d’Iakora. Une bonne partie de la Région est sous-administrée faute d’infrastructures d’accueil pour les agents.
Malgré le fait que la Région Ihorombe soit classée zone rouge en matière de sécurité, à cause du phénomène dahalo, le dispositif de sécurité reste largement insuffisant (Effectifs, logistique, moyens de communication,…).
L’approvisionnement en eau potable demeure un problème important. A l’heure actuelle on compte 90 bornes fontaines dans le district d’Ihosy, ainsi que quelques implantations dans les districts d’Ivohibé (JIRAMA) et d’Iaroka (FIKRIFAMA). Les populations puisent l’eau aux sources, dans les rivières et parfois même dans les canaux d’irrigation. Ceci est la cause d’une forte prévalence des maladies diarrhéiques.
Une organisation et une administration territoriale qui s’installe
Jusqu’en 2004, l’administration de la zone dépendait des services provinciaux installés à Fianarantsoa. La loi 2004-001, relative à la mise en place des Régions a érigé l’Ihorombe en Région, permettant la réorganisation et la mise en place de services publics de proximité. Le Chef de Région est à la fois le représentant de l’Etat, et le chef de l’exécutif régional.
Les communes sont peu fonctionnelles ; nombre d’entre elles sont installées dans des bâtiments insalubres qui sont dépourvus de mobiliers et d’équipement.
En 2005, la plupart des Départements Ministériels a installé dans la région leurs services techniques déconcentrés, sous la forme de Directions Régionales. Néanmoins, l’affectation du personnel nécessaire se fera progressivement avec la réhabilitation ou la construction d’infrastructures d’accueil. En effet, la Région a souffert jusqu’ici de la pénurie de personnel et de structures d’appui technique.
L’Histoire du développement de la région
La population de la Région était principalement pastorale avant l’arrivée des migrants Betsileo et Antaisaka (vers 1902) qui ont introduit la riziculture irriguée et l’exploitation des tanety et terres de plateau pour la culture de manioc, maïs, arachide…
L’installation de migrants par vagues successives a également incité les premiers occupants à développer eux-mêmes l’agriculture. Le système de métayage est largement développé. L’occupation actuelle d’anciens pâturages abandonnés (diminution du cheptel bovin lié au vol), crée des tensions et des litiges forts entre migrants et autochtones.
Le phénomène « malaso » ou vols de bœufs n’a pas permis le développement du secteur agro-pastoral. Les conditions de vie des ruraux se sont dégradées. Les familles vulnérables ont cherché à occuper d’autres espaces (forêts, pâturages), et pour cela ont pratiqué les feux de brousse. Ces actions sont difficilement contrôlables par une administration squelettique, et contribuent à accélérer les phénomènes érosifs (ensablement des rizières).
L’importance des vols de bœufs influe sur les stratégies des propriétaires qui se replient sur de nouveaux types d’investissements: construction immobilière en ville pour location, achat de rizières et de tanety pour la production agricole, surtout riz et manioc.
La baisse d’effectifs des effectifs bovins contribue à affaiblir les anciens pouvoirs lignagers et à faire émerger de nouveaux riches ou « mpanarivo », à côté de ceux qui ont réussi dans le saphir. Le rôle de ces derniers sur l’économie régionale est important. Ils occupent de grands espaces et surtout fournissent de l’emploi aux plus pauvres. Les nouvelles formes de clientélisme induisent des mécanismes de dépendance quasi-féodaux qui bénéficient aux alliés du « patron ». Pour conserver leur pouvoir de domination, les mpanarivo n’hésitent pas à saboter les interventions de développement venant de l’extérieur.
Dans certains villages la cohésion ethnique des migrants, devenus plus nombreux, permet de rééquilibrer les rapports de forces. Acteurs économiques et ouverts aux innovations, ces derniers peuvent être considérés comme les nouveaux moteurs du développement.
Une région oubliée, et peu attractive, malgré son potentiel
Malgré la position de carrefour qu’occupe la région Ihorombe, « on ne fait qu’y passer », que ce soient les touristes, les voyageurs, les transporteurs, les techniciens et même les organismes et projets de développement. La Commune Rurale de Ranohira est réputée « surenquêtée », mais les données de base recueillies, rarement restituées à leurs destinataires, n’entraînent que peu d’actions de développement.
La Région l’Ihorombe n’abrite que quelques rares programmes/projets. La Direction Régionale Education vient d’être mise en place avec le projet national Education Pour Tous (EPT) qui soutient l’objectif du Gouvernement de scolariser tous les enfants. Des programmes sanitaires ont permis de doter la plupart des Communes de personnel médical, en particulier formés sur les IST VIH/SIDA et le Planning Familial.
Dans le secteur agricole la région bénéficie de l’Appui du Programme National de Lutte Anti-Acridienne, et du PSDR. Le PSDR est surtout intervenu pour la réhabilitation des Réseaux Hydro Agricoles détruits par les cyclones Elita et Gafilo, et de nouvelles constructions.
L’ONG FERT appuie le développement des coopératives agricoles et de la Tranoben’ny Tantsaha par le biais d’un projet d’appui au développement du mouvement coopératif. Un Centre de Services Agricoles sera incessamment ouvert à Ihosy avec le concours de la FAO.
Installé à Ihosy, l’AFAFI, organisme d’obédience confessionnelle luthérienne s’occupe d’approvisionnement en intrants agricoles.
Le projet AEP/FAD a pour objectif d’implanter 350 forages dans les Régions de l’Anosy et de l’Ihorombé. Certains sont déjà fonctionnels.
Actuellement, le Groupe de Travail pour le Développement Rural (GTDR) Ihorombe est abrité par la Direction Régionale du Développement Rural (DRDR), et est appuyé par le programme Système d’Information Rurale et de Sécurité Alimentaire (SIRSA).
Les autres partenaires techniques et financiers opérant dans l’Ihorombe comprennent le programme ACORDS (qui intervient dans 14 Communes), et le Fonds d’Investissement pour le Développement (FID) pour la construction d’infrastructures sociales de base (Le programme est en cours de reformulation). La GTZ, le CRS et l’ANGAP interviennent sur des programmes de développement local. A noter que 50 % des Droits d’entrée dans les Aires Protégées gérés par l’ANGAP sont en théorie affectés au développement des communes périphériques au Parcs.
TIAVO, est le seul réseau de micro finance installé dans la Région, avec une unique agence implantée à Ihosy.
Les orientations actuelles de développement régional
L’IHOROMBE est confrontée à un ensemble de contraintes très fortes, dont en particulier :
- La prévalence très forte de l’analphabétisme, qui reste un problème récurrent considérant les faibles taux de scolarisation,
- L’enclavement chronique d’un certain nombre de communes (Nord Est, Ouest), qui induit de fait l’absence des services de base (santé, eau potable,…),
- La sécurité des biens et des hommes,
- Le développement des problèmes fonciers en relation avec l’affaiblissement des pouvoirs traditionnels,
- La faiblesse des structures d’appui, l’insuffisance des services déconcentrés, et l’absence d’investissements privés en dehors des secteurs miniers et touristiques (Ranohira).
La politique régionale de développement de l’Ihorombe vise d’une part à préserver le capital écologique et à développer l’écotourisme, d’autre part à favoriser la croissance économique en s’appuyant sur le développement de la riziculture, de l’élevage bovin et le secteur minier. Un certain nombre d’axes de travail sont priorisés : la sécurisation foncière (l’affaiblissement des pouvoirs traditionnels, l’arrivée de migrants ont rendu la gestion du foncier complexe et conflictuelle), le désenclavement, l’amélioration des conditions de sécurité, l’amélioration de la maîtrise de l’eau et de la productivité agricole.
Mais ces orientations s’appuient sur deux pôles de croissance circonscrits dans le Programme Régional de Développement (PRD) :
- Le pôle principal de croissance économique qui regroupe la seule Commune Urbaine d’Ihosy de la Région et les Communes Rurales situées le long de la RN7.
- Le pôle secondaire de croissance à base sociale très élargie qui inclue les Communes Rurales (CR) enclavées des 3 districts Ihosy, Ivohibe et Iakora. Les CR enclavées à fortes potentialités sont : Menamaty-Iloto et Antsoha pour le district d’Ihosy, Begogo pour le district d’Iakora et Ivongo et Tambohobe qui sont favorables à la culture du riz irrigué, du maïs et du tabac pour le district d’Ivohibe.
2.1 Des choix illustratifs
La Région Ihorombe est considérée à fort potentiel (foncier disponible, sols fertiles, diversité des types de spéculation,…). Le PRD a classé la Région autour de 2 pôles de développement qui reflètent les spécificités du secteur rural, ses contraintes et ses potentialités. La vulnérabilité rurale est principalement liée :
- aux contraintes d’enclavement physique (manque d’infrastructures routières), surtout pour les districts d’Ivohibe et d’Iakora,
- à l’insécurité à cause des vols de bovidés qui sévissent et accélèrent la paupérisation des ménages les plus fragiles.
L’absence de Centre de Santé de Base (CSB), les difficultés d’accès à l’eau potable et l’insuffisance d’écoles témoignent des fortes disparités existantes entre les zones enclavées et les districts et les communes privilégiées situées près de la RN7. L’ancrage des traditions et coutumes est très fort (sacrifice de zébus, polygamie, recours à la médecine traditionnelle,…). Malgré l’importance des terres disponibles, les litiges fonciers sont courants. Les zones enclavées s’intègrent difficilement dans l’économie de marché.
Les deux communautés choisies illustrent simultanément des dynamiques sociales, des logiques économiques et des phénomènes de vulnérabilité très différents. Elles reflètent d’une part la situation des ruraux dans un contexte à priori relativement homogène, où le groupe social reste peu confronté à des phénomènes de « brassage ethnique » et de concurrence, mais subit lourdement les contraintes de l’enclavement (Commune d’Antsoha, fokontany d’Antsoha), et d’autre part un contexte hérité de l’extension rapide de l’activité minière (Ilakaka) et de l’écotourisme sur l’axe RN 7, qui induit de fortes disparités sociales (Commune de Ranohira, fokontany de Mariany). Cette dernière communauté, entre deux pôles d’activités différentes (la mine et le tourisme) et bénéficiant de sa proximité de la RN7, illustre un contexte socio-économique où la pauvreté persiste.
2.2 Les grandes caractéristiques de la pauvreté
La pauvreté vécue par la population des deux communautés d’Antsoha et de Mariany est ressentie comme la conséquence de différents facteurs :
- les difficultés à produire suffisamment pour se nourrir et pour vendre,
- la fréquence des vols qui conduisent à ne plus pouvoir posséder de zébus,
- le faible niveau d’alphabétisme, d’éducation et d’organisation des populations,
- - l’absence d’entraide et l’absence de services sociaux de base.
L’insécurité générée par les vols de zébus est considérée comme un problème central.
Madame Velo, divorcée vivant seule : « J’avais des zébus mais tout a été pris par les malaso. »
Monsieur R. Jean Pierre : « En 1975, mes 60 zébus ont été volés par les bandits. »
Prosper : « J’ai une paire de zébus pour labourer mes terres et je n’ose plus en acheter car j’ai peur de malaso. »
Le chef du Fokontany lui pense que : « la principale contrainte de développement des villages est l’insécurité causée par les malaso ou voleurs de bœufs ; les gens n’osent même pas acheter des zébus par peur de malaso. ».
L’absence de sécurité bloque également les déplacements des agents d’encadrement et de l’administration.
L’accès au foncier est inégal et constitue l’un des principaux facteurs de la pauvreté rurale. Les autochtones détiennent les propriétés foncières qui se transmettent de père en fils. Les parents pauvres et les nouveaux arrivants recourent au métayage et au salariat auprès des familles plus aisées pour survivre, et peut être gagner assez d’argent pour un jour acquérir leurs propres rizières. Les relations de dépendance sont très fortes. Les terres agricoles ne sont pas titrées, les tanety sont de libre accès mais susceptibles à litige le jour où les vols de bœufs se réduiront et ou les besoins en pâturage seront plus importants. Les conflits sociaux et familiaux sont liés au partage de terres de plus en plus morcelées par les héritiers.
Selon R. Jean de Dieu François, un jeune betsileo (32 ans, marié et un enfant) migrant depuis 8 ans, il a quitté son pays d’origine (Ambalavao) à cause de l’étroitesse des terres et aussi il veut se salarier. Depuis son arrivée, il a voulu acheter de rizières mais personne n’en vend. Depuis des années, il fait le métayage (50%-50% : tolomizara) et c’est seulement l’année dernière qu’il a pu acheter de rizières. L’accès au tanety est libre et tout le monde peut faire ce qu’il peut mais le seul problème est le ravage fait par le sanglier. « Nous ne pouvons pas chasser ces bêtes car cette pratique est défendue par l’ANGAP. »
L’absence ou le mauvais fonctionnement de systèmes de maîtrise de l’eau pour l’exploitation des rizières réduit fortement les rendements, et les vulnérabilités alimentaires des ménages, dont les superficies se réduisent au rythme des partages.
« La production de riz va diminuer cette année par rapport à celle de 2005 qui a accusé une certaine hausse comparée aux dernières années ; les dernières pluies datent de janvier 2006. Comme nous n’avons pas de barrages, en année sèche comme celle-ci, il y a insuffisance d’eau dans les rizières »
Les ménages pauvres sont également ceux qui ne disposent pas de matériel agricole pour mettre en valeur les parcelles exploitées en faire valoir direct ou indirect (charrue, bœuf de trait). Ces matériels constituent des contraintes majeures pour l’exploitation agricole.
« Nos forces sont en premier l’agriculture car nous avons beaucoup de terres et si on a un appui surtout matériel, on peut obtenir 1000 tonnes de paddy, les zébus constituent notre banque »
Les ménages des zones enclavées ont énormément de difficultés à écouler leurs excédents de production par manque de marchés de proximité et de moyens de transport. Les routes et pistes sont en mauvais état sur une grande partie de la région. De même l’accès aux intrants est pratiquement impossible, autant par l’absence de système de financement (les animaux ne servent pas à acheter des intrants), que de conseil technique de proximité.
La tradition constitue également un facteur très sensible de décapitalisation (fêtes coutumières et familiales), cela même pour les ménages qui quelquefois utilisent les zébus pour investir.
R. Jean de Dieu François est venu s’installer il y a 15 ans. Il avait 8 zébus mais actuellement il n’en a plus. Il les a utilisé pour l’enterrement et l’inhumation de sa femme et pour construire une maison.
« Les zébus constituent notre banque car étant illettrés, comment faire garder notre argent dans une banque, on risque de se faire rouler. Cette situation d’analphabète nous oblige à prioriser l’éducation de nos enfants qui prendront notre relève ».
La pauvreté régionale est également caractérisée par la difficulté d’accès à la santé, à l’éducation, et l’analphabétisme. L’analphabétisme se traduit par un manque de confiance, l’absence de prise de risque, et la peur des services administratifs.
« Si vous allez dans les Fokontany, vous ne trouverez personne, déclare Vololona, ils ont peur, ils sont encore un peu sauvages ; par exemple, s’il faut faire un jugement supplétif au Tribunal à Ihosy pour un acte de naissance, ils n’y vont pas par peur du Tribunal ».
2.3 Facteurs d’influence et d’accentuation des inégalités
La pauvreté dicte des stratégies personnelles, qui se traduisent fréquemment en comportements individualistes pour survivre. Les pratiques menées pour générer des revenus dépendent fortement des ressources maîtrisées par les ménages. En l’absence de rizières, de zébus et de matériel agricole les ménages soit se déploient sur des activités secondaires quand ils disposent d’un peu de capital (artisanat, petit commerce,...), soit dépendent de l’achat de main d’œuvre (salariat agricole et non agricole), des possibilités de faire valoir indirect (métayage, location de terres,…), et de l’usure, et la pratique du troc.
Les obligations sociales (décès, mariages, circoncision,…), les besoins urgents (santé, intrants,…) sont des motifs importants de recours à l’usure. La possession de zébus réduit les dépendances vis-à-vis des plus riches, et parfois permet d’investir.
La malnutrition est également un facteur d’inégalité qui influe sur la santé et donc sur la force de travail. Les familles présumées les mieux nanties s’appuient largement sur la mobilisation de main d’œuvre pour tirer parti de leurs exploitations. Les riches sont également ceux qui sont en relation avec l’extérieur et les marchés. L’absence d’informations en général et sur le marché en particulier, la difficulté à aller vers cette information quand elle existe (corollaire de l’analphabétisme), la faible présence de structures d’appui et de services sociaux, l’éloignement des marchés constituent un ensemble des handicaps très lourds pour les pauvres, d’autant que ces facteurs généralement s’accumulent.
Dans les deux communautés visitées, les ménages pauvres se reconnaissent par leur incapacité de se nourrir convenablement, d’assurer les obligations sociales (devoirs familiaux et sociaux,…), et de produire suffisamment pour économiser un capital financier leur permettant d’acheter ce dont ils ont besoin (éducation, santé, documents administratifs, PPN,…). Ainsi, l’accès au foncier (en particulier les rizières), la possession de matériels et de zébus pour exploiter les terres, bases de la production agricole, constituent les critères fondamentaux d’identification d’une famille riche par rapport à une famille pauvre.
2. 4 Stratégies développées pour réduire les vulnérabilités et aspirations
La grande majorité des ruraux de la région est confrontée à un ensemble de risques qui les rendent plus ou moins vulnérables selon la nature et la quantité de leur capital. Le vol de zébu constitue certainement le facteur de risque le plus important, car il touche autant les ménages riches que certains ménages caractérisés comme moyennement pauvres. Non seulement le capital peut disparaître du jour au lendemain, mais surtout ce capital détermine la capacité de production (force de travail, épargne sur pied, réduction des risques).
Pour les ménages « aisés », les zébus constituent une épargne pour pallier à toutes grandes difficultés (sécheresse, maladie,…) et les dépenses pour les fêtes coutumières auxquelles il ne faut pas faillir pour ne pas remettre en question son statut social. La vente de zébus reste toutefois une action de dernier recours. En revanche, l’augmentation du coût de la vie pousse certains hommes à abandonner la polygamie, également signe de richesse.
Les moyennement pauvres sont ceux qui disposent de rizières, mais qui n’ont pas de production de riz suffisante pour nourrir les membres du ménage toute l’année. Pour résoudre les problèmes de soudure, ils déploient généralement deux types de stratégies : le salariat agricole, ou la diversification des activités de production. Ainsi les produits des activités d’artisanat, de maraîchage, ou la culture de manioc sont destinés à la vente pour acheter du riz. Quand la production de riz et de manioc est correcte, ils essayent d’acheter des zébus.
Les pauvres sont en situation de dépendance chronique. Le foncier, les intrants et les équipements dont ils disposent ne leur permettent pas d’obtenir la production qui est nécessaire à leurs besoins alimentaires annuels. L’existence d’une période de soudure [1] plus ou moins longue selon les années est un fait structurel que doit gérer le ménage. Généralement l’homme se salarie, et la femme conduit de petites activités rémunératrices (vannerie, élevage de volaille, parcelle de légumes). Souvent les transactions s’organisent sous forme de troc.
Les très pauvres (en majorité des femmes seules avec enfants) vivent au jour le jour du salariat, de la vannerie, du petit élevage et du petit commerce ambulant en revendant des articles achetés à meilleur prix. Ces activités permettent de manger du riz épisodiquement. Certains font la cueillette de « Tavolo », sorte de tubercule, pour manger. Certaines jeunes femmes se prostituent pour nourrir les enfants ou s’habiller. Les jeunes garçons célibataires, peu instruits (17-20 ans), cherchent à se salarier en ville et/ou dans les mines, après les récoltes, ou toute l’année, pour aider les parents et pour leurs besoins personnels (Vêtements, loisirs en ville, etc.)
La sécurité constitue une aspiration commune aux différentes catégories sociales (riches, pauvres,…), socio professionnelles, et à l’administration, qui prévaut sur l’ensemble du territoire régional. Le désenclavement (réhabilitation des pistes et infrastructures) constitue une autre préoccupation importante, car il permet l’accès à l’information, à l’éducation, aux marchés, aux facteurs de production, et pourrait également contribuer à réduire l’insécurité.
Les zébus constituent non seulement un facteur de production important (capacité d’investissement, force de travail,…), mais également un instrument de prestige. L’agrandissement ou la création de cheptels familiaux constitue également une aspiration très forte. Celle-ci influe sur le désir des ménages de développer les activités qui permettront l’acquisition de têtes de bétail mais aussi d’assurer leur sécurité alimentaire ; développement de la riziculture grâce à la construction de barrages ; acquisition de matériel agricole et accès aux intrants, accès aux services techniques de proximité pour développer les capacités à diversifier (maraîchage, petit élevage, artisanat, couture,…).
L’accès aux services sociaux pour tous correspond à une préoccupation également importante. Il s’agit d’augmenter le nombre de CSB fonctionnels (et construire un hôpital à Ranohira) pour les rendre plus accessibles, de construire des écoles et d’affecter des instituteurs dont le coût ne soit plus à la charge des parents (FRAM), d’améliorer les réseaux d’approvisionnement en eau potable, et de faciliter l’alphabétisation des jeunes adultes. Les jugements supplétifs pour enregistrer les ruraux sur les listes d’état civil sont également une priorité.
Les pauvres en particulier souhaitent que l’accès au marché soit amélioré (construction de marché, implantation de commerces et de décortiqueuses,…). Cela pourrait passer par une meilleure organisation des agriculteurs et des filières.
Les pauvres souhaiteraient également avoir accès au crédit dans des conditions qui leur sont mieux adaptées, et être formés pour mieux gérer leurs revenus.
Les autorités estiment urgent de mettre en place des guichets fonciers.
Certains rêvent de maisons en dur avec toits en tôle, d’électrification qui leur permette d’avoirs accès à certains loisirs (vidéos).
Le reboisement pour réduire l’ensablement des rizières et le temps accordé à la collecte du bois de chauffe commence à devenir pour certains un besoin important.
3. LA POLITIQUE REGIONALE DE REDUCTION DES INEGALITES
3.1 Analyse de la contribution des politiques à la réduction des inégalités
Le potentiel agricole de la Région est relatif ; les terres alluviales et de bas fonds à mettre en valeur ne représentent pas de superficies considérables, les aires protégées considèrent plusieurs terroirs en défens, et l’insécurité contraint le développement de l’élevage. Par ailleurs, la complexité des problèmes fonciers actuels, malgré les faibles densités de population démontre bien les difficultés d’étendre les surfaces agricoles au profit de l’élevage. Le centre du questionnement en matière de développement régional agricole se situe bien autour de cette cohabitation. Le développement du potentiel touristique, autour d’une aire protégée, donc dans une zone de gestion réglementée met en relation la nécessité de préserver la ressource, de développer des activités de production, et de gérer les zones de parcours. Néanmoins, le développement du secteur minier et du tourisme constituent des niches de marché que pourraient exploiter les agriculteurs locaux s’ils arrivent à concurrencer ceux des hautes Terres.
L’étendue de la région, les contraintes d’enclavement chronique et la faible démographie posent la question de la distribution des services de base dans un rapport population touchée/coût acceptable. Il en est de même pour le dimensionnement possible de programmes de développement rural (agriculture/élevage/environnement).
La politique régionale de développement de l’Ihorombe se construit autour de deux entrées ; d’une part, la préservation du capital écologique moteur du développement de l’activité touristique et d’autre part la croissance économique qui s’appuierait sur la riziculture, l’élevage bovin et le secteur minier.
Les axes privilégiés sont la sécurité, la sécurisation foncière, le désenclavement, l’amélioration de la maîtrise de l’eau et de la productivité agro pastorale. L’amélioration de l’accès aux services sociaux sont également des facteurs de rééquilibrages importants (santé, éducation, alphabétisation,…).
Le facteur central d’appauvrissement des populations de la région est lié aux questions de sécurité. Il constitue la contrainte centrale à corriger pour envisager de relancer les activités agro pastorales en milieu rural, en s’appuyant effectivement sur des pôles économiques moteurs de croissance et d’innovation.
Les secteurs miniers et touristiques constituent également des « entrées » de développement à valoriser, d’une part pour créer de l’emploi et des activités, d’autre part pour offrir des débouchés aux produits agro pastoraux locaux sous condition qu’ils réussissent à concurrencer les produits des Hautes Terres
L’insertion des pauvres dans ces dynamiques reste étroitement liée au développement de leurs compétences (accès à l’information, la formation professionnelle, et à l’alphabétisation,…), de l’accès aux capitaux physiques et financiers (accès au foncier ou aux outils financiers,…), à l’accès aux services de proximité (éducation, santé, eau potable et conseil,…), et aux marchés (désenclavement,…).
3.2 Pistes de correction
Le principal enjeu des stratégies de lutte contre la pauvreté se situe dans la mise en compatibilité des politiques de croissances avec les stratégies de réduction des inégalités et de la vulnérabilité.
La Région Ihorombe dispose de potentialités qu’elle peut à ce jour difficilement valoriser, considérant les contraintes lourdes qui l’affectent.
Les ménages pauvres sont particulièrement fragilisés par leurs difficultés à accéder aux rizières, et par la faiblesse de la force et des moyens de travail actuellement à leur disposition (zébus, équipements). L’endettement, l’absence de services financiers et l’insécurité constituent bien évidemment des contraintes à l’investissement et à la capitalisation.
La politique régionale table sur le développement des secteurs touristique, minier et agro pastoral moderne, pour générer de l’emploi et inclure les pauvres. Comme dans beaucoup de régions, les pauvres assument de multiples handicaps; illettrisme, absence de capacités professionnelles spécifiques, manque d’ouverture et d’information, dépendance de stratégies à très court terme, donc d’énormes difficultés à anticiper et à construire. L’insuffisante organisation des ruraux constitue également un facteur de blocage, produit des mixages ethniques, de l’enclavement, et de faibles densités démographiques.
En dernier lieu dans ce type de milieu les logiques d’aménagement de l’espace sont assez centrales pour développer simultanément des stratégies qui ne sont pas naturellement complémentaires : d’un coté développement agricole et gestion de l’espace pastoral, et de l’autre la gestion des ressources naturelles.
Le premier type d’action à soutenir consisterait à améliorer pour les ménages vulnérables l’accès à la terre et à l’eau. Cela passe effectivement par des aménagements à bonne maîtrise de l’eau qui permettraient de valoriser davantage de terre et surtout d’améliorer les rendements. Ces aménagements pourraient s’inscrire dans une logique plus large de mise en valeur de petits bassins versants. De tels programmes négociés avec les communes, les propriétaires fonciers et les autorités traditionnelles faciliteraient l’accès des plus pauvres à la terre. Il s’agit avant tout de soutenir ces ménages vulnérables pour qu’ils produisent leurs besoins annuels grâce à la maîtrise de l’eau, au conseil technique, à l’accès aux intrants et aux crédits. Grâce à des actions de mise en valeur, qui prennent bien en compte la réalité sociale, il peut être possible d’influer sur la structure agraire des terroirs. Cela implique de considérer la commune comme un pilote (Avec l’appui de son Comité Communal de Développement) de ce type de démarche et de la doter des compétences et des outils nécessaires (guichet fonciers, guichet micro crédit…). Parallèlement, la clarification des attributions foncières représente pour les communes une opportunité pour développer certains instruments de fiscalité locale, et de générer des ressources utiles pour s’attaquer à certains problèmes centraux pour les pauvres, et de compétence communale (Ecoles, AEP). Il s’agit également de préciser les critères de précarité qui justifieraient les attributions foncières.
La démarche proposée s’inscrirait dans une logique de gestion des terroirs, qui prendrait en compte les impératifs de préservation de la ressource, les logiques de ses utilisateurs (Eleveurs, agriculteurs,…), les possibilités de mise en valeur en particulier par l’intensification des systèmes de production, et les besoins de consommation (bois de chauffe). Il s’agirait de réfléchir à un mode durable de gestion de ces espaces qui suppose un partage cohérent des ressources entre les différents types d’acteurs, en restant dans une logique gagnant/gagnant pour se prémunir de l’augmentation de conflits fonciers et sociaux. Il s’agit aussi d’assurer des règles de fonctionnement pérennes, qui permettent de gérer rationnellement les ressources productives, les ressources naturelles à protéger, tout en atténuant les vulnérabilités et les dépendances sociales. Pour agir dans ce sens, les communes doivent nécessairement développer des capacités professionnelles d’animation et de médiation.
Pour sortir les pauvres des spirales de dépendance, il s’agit à la fois de définir des « mécaniques » de désendettement, par le truchement d’institutions financières de proximité, mais également de développer des outils de conseil qui permettent d’améliorer les performances des exploitations et les capacités de gestion des chefs de ménage. L’analphabétisme constitue également une contrainte très forte pour les ménages vulnérables, mais également les familles mieux « loties ». L’alphabétisation des adultes, au même titre que l’éducation des enfants constitue un des piliers du développement régional.
L’aménagement de bas fonds constitue également un prétexte intéressant pour motiver les agriculteurs à s’organiser de manière à mieux maîtriser au-delà des fonctions de gestion des ouvrages de maîtrise de l’eau, des fonctions commerciales (approvisionnement en intrants, vente des produits). Ces noyaux d’organisation pourraient favoriser des démarches de structuration de filières, et permettre aux agriculteurs d’accéder et de contrôler quelques maillons supplémentaires des chaînes de valeur (décortiqueuses).
Pour y parvenir, considérant que l’organisation de groupements pourrait impliquer des économies d’échelle pour les structures d’appui, il est indispensable de développer du conseil technico-économique de proximité, des outils d’alphabétisation fonctionnelle, et de formation professionnelle.
Il est clair que ce type d’action implique que les conditions de sécurité soient améliorées. Les politiques de lutte contre la pauvreté supposent la création d’une richesse supplémentaire et le développement de mécanismes de redistribution. Nous ne sommes pas à l’heure actuelle dans ce type de dynamique dans les zones rurales.
En dernier lieu, il s’avère important de renforcer les Communes et la Régions à mettre en place leurs propres systèmes d’information de manière à améliorer la prise de décision sur la base d’outils statistiques fiables.
REPUBLIQUE DE MADAGASCAR
Synthèse des résultats de l’enquête FIDA sur les Moyens d’existence durable des paysans pauvres pour
l’Exposé des Options et Stratégies d’Intervention pour le Pays (COSOP)
Avril – Mai 2006
Facteurs de pauvreté identifiés par les pauvres
Situation géographique Enclavement/accessibilité, Proximité ville/marché/pôle économique Accès aux ressources naturelles Maîtrise de l’eau Accès à la terre Biens/actifs/atouts Terre (Rizières) Zébus Plantations Matériel/équipements Habitat/mobilier Relations Education Accès à l’information et aux processus décisionnels Accès aux services (Santé, hygiène, AEP, prestations de services privé et public) Entraide Statut (Etat civil) Appartenance sociale Genre |
Analyse des Forces et Facteurs d’inégalité
Forces / Atouts |
Contraintes / Facteurs d’inégalité (observés au cas par cas) |
Capital naturel Terre Aires protégées Eau Forêt et ressources végétales Ressources Minières Faune (phacochères, zébus…) |
Accès réduit ou inexistant : aux rizières, aux tanety, aux baiboho; surexploitation des sols, diminution de la disponibilité et la qualité des terres – accès régi par règles coutumières ou héritage Accès à l’eau insuffisant, saisonnier, ou inexistence de sources en eau pérenne Accès aux ressources forestières et végétales, réduites ou très éloignées, utilisation des racines Accès aux ressources minières existantes, difficultés d’accès et répartition des bénéfices Interdiction de chasser le phacochère et divagation du bétail dans les champs de culture |
Capital financier Épargne sur pied (zébus, élevage à cycle court…) Revenus de l’agriculture Revenus liés aux activités illégales (vols, tabac, alcool local, prostitution…) Artisanat Institutions financières Réseaux d’entraide Revenus par la migration et les activités extérieures et salariat |
Capacité de réaction aux chocs liés aux maladies animales et phytosanitaires et cataclysmes naturels Ressources monétaires insuffisantes : obligation de payer en main d’œuvre, troc ou paiement en nature et recours aux activités illégales (Investissements limités pour les intrants, matériel agricole) Conditions d’accès au crédit difficile : recours aux formes d’accès traditionnel, lien de patronage, conditions d’accès aux IMF non adaptées au contexte… Faible disponibilité des ressources financières des communes et des investissements publiques en milieu rural |
Capital Physique Habitat Matériel / équipement / boutiques Groupe électrogène Réseau téléphonique Accès à l’eau potable Infrastructures communales : locaux administratifs Ecole primaire Centre de santé Infrastructures économiques : route et pistes, greniers villageois (GCV), marchés Puits, barrages traditionnels et modernes |
Habitat précaire/inadéquat (maison en terre, toit de chaume…), location et équipements, mobiliers sommaires Absence de charrettes et de matériel agricole, utilisation de angady et du vélo Accès à l’eau potable réduit ou inexistant dans la plupart des hameaux, utilisation de techniques traditionnelles Électrification quasi inexistante et inaccessible, coûts élevés École construite par les parents et instituteur payé par le FRAM, niveau bas et non conforme aux normes étatiques car difficulté de prendre en charge tous les frais Accès routier parfois inexistant ou en mauvais état Peu d’investissement d’infrastructures publiques et économiques (marchés, écoles, CSB, …) Existence de puits saisonniers et de barrages (pour l’ensemble non fonctionnels) Difficulté d’accès aux centres de santé, éloignement et paiement… |
…/…
Forces / Atouts |
Contraintes / Facteurs d’inégalité (observés au cas par cas) |
Capital Humain Soins de santé Alimentation diversifiée Éducation / formation des adultes Education des enfants Hygiène et assainissement Savoir faire et habiletés techniques en matière agricole, artisanat, pêche, transformation… Force de travail Accès à l’information : radio, personnes revenant de migrations, déplacement saisonnier, collecteurs, marchés… État Civil Présence et retour des élites locaux |
Accès inégal aux soins de santé, recours à la médecine traditionnelle Malnutrition et sous alimentation Taux d’analphabétisme élevé chez les adultes, peu de programmes et d’accès à alphabétisation Faible niveau d’éducation formelle, faible niveau de scolarisation des enfants, présence, motivation, niveau et sous effectif d’instituteurs Notions d’hygiène et d’assainissement mal connus et non prioritaires Savoir faire techniques hérités (agricole, artisanat, pêche, transformation…), peu de formation et d’accès aux techniques améliorées Faible pénétration de l’information parlée, écrite, audio, des structures d’appui… Présence de projets ne bénéficiant pas aux pauvres Inscription aux registres d’Etat Civil restreint à quelques uns et Appropriation des ressources par une élite minoritaire |
Capital personnel Accès et utilisation de l’information. Capacités d’analyse, de réaction et d’adaptation Confiance en soi et auto estime Capacité d’anticipation Capacité de gestion Intégration au sein de la communauté (travaux et fêtes coutumières) |
Difficultés à participer aux processus décisionnels au sein de la communauté ou d‘un groupe et de faire prévaloir leurs spécificités, capacités, besoins et droits : · Auto exclusion des plus pauvres face à l’accès et à l’utilisation de l’information. Ne se sentent pas en droit de participer · Exclus par la communauté à participer (pression sociale) Capacités d’anticipation, d’analyse, de réaction et d’adaptation peu utilisées et peu stimulées Confiance en soi limitée et difficulté à se projeter dans l’avenir. Aspirations spécifiques des femmes (cultures maraîchères, planning familial, borne fontaine) des hommes (menuiserie, intensification des cultures, tracteurs, maisons à deux étages, maison en dur en ville) |
Capital social Famille Entraide familiale et de lignage Règles du faire valoir indirect Prestige lié à la possession de zébus, grande maison, polygamie, engagement de salariés, enfants formés à l’extérieur, groupe électrogène/vidéo, mobilier… Tradition et facteur de cohésion sociale Communication et relation avec les institutions externes Institutions confessionnelles Comités de vigilance, FRAM et santé Associations, organisations Leaders, administration de proximité Titres de propriété |
Obligation en cas de décès, maladies, fêtes coutumières... Individualisme dans l’accès aux services et à la richesse. Fragilité de réseaux de solidarité extra familiaux Jours tabous Régulation du faire valoir indirect contraignante qui accentuent les relations de dépendance, (recours au métayage) Faiblesse de mécanismes d’inclusion des plus pauvres aux activités génératrices de revenus, intégration dans les groupements et de représentativité au sein de la communauté Rôle des institutions confessionnelles par rapport à l’accès et aux bénéfices du développement local Obligation de participation physique et financière aux comités de vigilance, FRAM et santé Inexistence ou faiblesse des associations ou organisations (activités économiques, gestion d’infrastructures) Communication et relation avec les institutions externes restreinte ou inexistante Fort pouvoir décisionnel des Leaders et de l’administration de proximité Prestige et richesse assurent un accès à l’information, aux biens et services et permet de développer le réseau de dépendances Difficulté d’accès aux titres fonciers |
Chocs et tendances auxquels sont confrontés les pauvres
Relations et influences liées aux institutions et politiques
Chocs/Tendances Climatiques (cyclones, inondations, sécheresse, …) Épizooties, invasion, attaques, maladies phytosanitaires Décès, maladies liées à l’eau Durée de la soudure Vols/sécurité Dégradation des ressources/érosion Dégradation des infrastructures de maîtrise de l’eau et de communication Dégradation du réseau routier Tendance des marchés /Prix Crises politiques |
Institutions et Politiques Environnement social Tradition : parcellisation des terres/héritage et réglementation de l’accès à la terre. Concentration des pouvoirs (autorités, leader d’opinion, responsables d’organisations)concernant l’accès à l’information, les relations avec les institutions d’appui, le montage de projets et la création de groupements Capacités/présence des communes – village d’origine des élus et responsables communaux Environnement institutionnel Inexistence/présence rare/ineffectivité des structures déconcentrées, des institutions d’appui, de conseil/formation, et de services aux activités économiques (approvisionnement en intrants, IMF,…) Influence, présence/importance des marchés, des collecteurs/organisations à vocation coopérative (et de leur réglementation : cartes de producteur ou de pêcheur) sur les activités de production et sur les prix Proximité de la ville et des axes routiers, des activités économiques (mines, exploitation forestière…) Quartiers mobiles/postes avancés (sécurité) Système de gestion/réglementation des aires protégées et ressources minières Institutions confessionnelles Projets Politiques publiques (Education pour tous, politique foncière, régionale, communale…) |
Stratégies et Aspirations exprimées par les Pauvres
Stratégies des pauvres Stratégies de survie engendrant des dépendances - Endettement/troc : accès aux semences et autres facteurs de production (pêche, mines, main d’œuvre, …), fêtes coutumières, obligations sociales, décès, frais de santé…) - Main d’oeuvre : source de revenu, survie alimentaire… - Adaptation type et quantité d’alimentation au cours de l’année… - Métayage… Stratégies d’amélioration des moyens d’existence - Minimisation des risques et optimisation des ressources par la diversification des activités (ECC, artisanat, cultures maraîchères, transformation, cultures de tanety, prospection minière, forêt/charbon, pêche, cultures de rente, petit commerce…) - Défrichements, colonisation des terres les plus fragiles (pentes, sommet collines…) - Migrations et déplacements (Défrichements/exploitation temporaire/saisonnière/permanente de terres agricoles, prospection minière, activité salariée, commerce itinérant, location de terres…) - Mobilisation sociale (FRAM, classes d’alphabétisation, entraide, construction d’école et de salles de classes d’alphabétisation, recrutement d’instituteurs, mutuelle de santé…) - Recours à la médecine traditionnelle - Consommation des produits de la forêt… - Spéculation/épargne (Bovins, GCV, achat d’animaux…) - Recours au micro crédit… |
Aspirations des pauvres 1 – Valorisation des ressources Diversification/intensification/optimisation des cultures, de la pêche, de l’élevage et accompagnement technique Développement des cultures de rente Gestion des ressources en eau, lutte anti érosive et reboisement des bassins versants Diversification des activités et renforcement des capacités : Tourisme, Artisanat, sériciculture ; transformation 2 – Amélioration de l’environnement économique Approvisionnement en intrants et matériel agricole Amélioration de l’accès au marché et marchés Accès aux services financiers Migrations vers Bongolava et pôles économiques Réhabilitation du réseau routier Electrification Salariat Machines à coudre Grenier communautaire villageois 3 – Amélioration de l’environnement social Education des enfants Organisation/Renforcement des capacités/genre Alphabétisation Hygiène, Assainissement, Santé, Adduction d’eau potable, Planning familial Accès à l’information 4 – Appui institutionnel Mise en œuvre de la politique sécurisation foncière Sécurité publique Etat civil, Renforcement des capacités des communes, Infrastructures, jumelages 5 – Amélioration du cadre de vie Habitat Loisirs, Terrain de foot, Vidéos |
Propositions pour un travail de réflexion
Propositions d’axes de réflexion |
Axes de travail potentiels |
Constats |
Propositions d’idées de stratégies |
Inclusion sociale des pauvres Enjeux : Faciliter l’inclusion sociale des pauvres en agissant à la fois sur le renforcement de leurs capacités et compétences et leur environnement institutionnel et matériel. |
Permettre aux pauvres d’agir comme acteurs de leur développement, de participer et d’influer sur les décisions. |
L’analphabétisme et la faible scolarisation aggravent fortement les processus de marginalisation des pauvres, et sont considérés par eux comme les principaux facteurs d’exclusion. L’éducation des enfants est considérée par les pauvres comme un facteur central d’intégration des adultes dans les processus éducatifs et informatifs. Un meilleur accès et une meilleure maîtrise de l’information, de l’écrit, d’outils simples de gestion, et de leurs droits sont considérés par les pauvres comme un puissant levier d’intégration des processus de développement social et économique. L’absence d’organisation des pauvres ne leur permet pas de participer aux instances et processus décisionnels pour le développement. |
Prioriser l’implantation de dispositifs éducatifs adaptés à la situation des pauvres - Soutenir les parents, dans le cadre de leurs organisations (FRAM) pour améliorer le fonctionnement, la gestion et l’efficacité des écoles - Adapter les outils de programmation et d’intervention régionaux pour faciliter une répartition plus équitable aux ressources allouées à l’éducation - Impliquer les communes dans la délimitation des zones sensibles et prioritaires intra communales et régionales, la construction des infrastructures, l’affectation et la prise en charge du personnel enseignant, et l’allègement du poids (cantine, matériel, uniforme,…) des frais de scolarité - Systématiser l’enregistrement des enfants sur les listes d’Etat Civil (jugement supplétif) Développer et intégrer les outils d’alphabétisation fonctionnelle pour les adultes pauvres (illettrés et néo alphabétisés) dans le cadre des différentes actions et programmes avec des dispositifs mieux recentrés sur leurs problématiques Développer les outils de sensibilisation, d’animation, et de conseil, pour appuyer l’émergence et/ou le fonctionnement d’organisations communautaires intégrant les plus démunis donnant accès à des services aux citoyens (Education civique, information, conseil, défense des intérêts, participation aux instances de décision…) Renforcer la participation légale (représentation/type d’organisation), et qualitative (appui/conseil) des citoyens dans les instances de concertation pour le développement local et régional (CCD, CRD, GTDR,…) |
Faciliter l’accès des ruraux pauvres aux services de santé, à l’eau potable et améliorer les conditions d’hygiène et d’assainissement au niveau des ménages et des villages. |
Les conditions sanitaires existantes dans les villages pauvres, s’additionnent fréquemment à une forte vulnérabilité alimentaire, et constituent des contraintes très fortes. Les déterminants de cette situation sont principalement liés à : - des facteurs qui favorisent la prévalence des maladies (accès à l’eau, qualité de l’eau, méconnaissance des mesures d’hygiène, déséquilibres alimentaires,…) - absence de personnel et d’infrastructures de santé, et coût élevé des soins de santé D’une part, les mauvaises conditions sanitaires fragilisent la force de travail, principal atout de production des pauvres (maladies, obligations sociales,…), d’autres part elles entretiennent de fortes relations de dépendance (endettement/usure, vente sur pied, nécessité de vendre de la main d’œuvre,…) pour parer aux besoins urgents (achat de médicaments, frais liés aux décès,…). |
Renforcer les capacités des communes à investir dans les services publiques dans les villages les plus pauvres (approvisionnement en eau potable, hygiène, assainissement), par l’augmentation des ressources communales à travers le développement d’une fiscalité juste et soutenable orientée vers les services aux citoyens et des transferts financiers accrus de l’état : - Le développement des capacités des communes de contrôle (Respect des clauses contractuelles…) Développer les capacités de gestion par les communautés des réseaux d’AEP, de l’hygiène et de l’assainissement dans les villages (Education, organisation, gestion, entretien, sensibilisation sur les questions d’hygiène et d’assainissement…) Mettre en place des mécanismes permettant une prise en charge partielle des coûts de santé, eau potable et assainissement à destination des plus pauvres (fiscalité, redevance, « vokatra », mutuelles de santé…) Renforcer les effectifs des CSB, et développer les consultations itinérantes, et renforcer la santé préventive (formation des accoucheuses traditionnelles) |
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Mettre en place des mécanismes pour améliorer la sécurité des biens et des personnes dans les villages pauvres |
Les capacités de capitalisation des familles pauvres sont fortement affectées par la prévalence des vols (animaux, récolte, matériel) |
Développer, par le biais des Communes et des Fokotany, les messages d’éducation civique pour le respect des biens d’autrui et des biens collectifs Appuyer l’effort des populations à rendre efficaces les comités de vigilance mis en place au niveau village Adapter les mécanismes de contribution à la prise en charge des quartiers mobiles en fonction des possibilités des pauvres |
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Inscrire les stratégies pro pauvres dans une vision communale, régionale et nationale |
Les politiques communales, régionales et nationales mettent l’accent sur la croissance économique autour de pôles de croissance ou de filières. Cette croissance vise à avoir un impact rapide sur la pauvreté. Ces politiques gagneraient à intégrer davantage les spécificités des communautés pauvres et à définir des stratégies adaptées de réduction des inégalités qui prennent en compte: - La réduction des « handicaps » structurels (accès à l’information, éducation, enclavement,…) - Plus d’équité dans l’accès aux ressources et aux services - Une meilleure redistribution des richesses générées… - Un appui aux activités économiques qui sont plus facilement accessibles aux pauvres - La création d’emplois salariés en milieu rural |
Appuyer les régions et les communes à développer une vision équilibrée du développement régional en : - définissant des critères de différenciation des espaces/communautés fragiles - mettant en perspective développement économique et développement territorial - précisant des stratégies de réduction des inégalités sociales et spatiales (Mesures de « rattrapage », de « mise en confiance » des communautés pauvres, équité dans l’accès aux ressources,…) - favorisant une meilleure distribution/cohérence des interventions publiques et des investissements privés… - renforçant le fonctionnement des mécanismes de concertation, en impliquant les représentants des pauvres dans ces instances, en adaptant les outils de pilotage (tableaux de bord, systèmes d’information…) et en renforçant les obligations de résultats et de rendre compte. Augmenter les investissements publics et les transferts financiers aux collectivités territoriales : - développer une fiscalité soutenable pour les citoyens Adapter la pression fiscale en accord avec la capacité contributive des plus démunis |
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Intégration des dynamiques de croissance Enjeux : Permettre aux ruraux pauvres de surmonter leurs principaux handicaps et de s’intégrer progressivement au processus de croissance Permettre aux pauvres de réduire les risques grâce à un meilleur accès aux services de proximité et au foncier |
Faciliter l’intégration des pauvres dans l’économie de marché en vue d’une amélioration significative de leurs revenus. |
Différents facteurs de risque influent sur les décisions des familles pauvres, limitant ainsi les investissements possibles pour améliorer les performances de l’exploitation/du ménage, les opportunités d’amélioration des revenus monétaires, et restreignant les possibilités de sortie de la situation de crise et de dépendance actuelle. La réduction des risques (commercial/prix, financier, foncier, aléas climatiques, maladies phytosanitaires et animales,…) repose sur la mise en place de mécanismes organisationnels qui doivent permettre aux pauvres de mieux maîtriser leur environnement économique, d’accéder aux services « de productivité ». Ces mécanismes faciliteront un meilleur fonctionnement des filières agricoles, pastorales, et de pêche. |
Développer des outils de conseil de proximité afin d’appuyer les choix techniques et d’investissement des exploitations/ménages (Valorisation des potentiels et des capacités par rapport aux opportunités/développement des filières) : - développer les référentiels techniques et économiques - développer des mécanismes d’information et de formation commerciale et technique - renforcer les supports de communication (documents techniques, animations, cercles d’études, radios…) - Promouvoir le concept et les techniques de durabilité (fertilité/conservation des sols, LAE, reboisement, gestion des défrichements/feux de brousse) - développer un service d’animation « organisation professionnelle » s’appuyant sur une logique « qu’est-ce qu’une organisation me coûte, qu’est-ce qu’elle m’apporte et me rapporte en plus (revenu monétaire, réduction des risques, échanges d’expérience…) Appuyer les ruraux pauvres à mettre en place des organisations qui leur permettront de gérer un certain nombre de services (Approvisionnement en intrants, commercialisation, information, conseil, réduction des risques, greniers communautaires villageois,…), de faciliter leurs relations avec les autres interlocuteurs, de défendre leurs intérêts, et de s’insérer par le biais d’organisations par filière dans les processus de gestion concertée de filières et/ou de politiques. Favoriser l’accès des pauvres aux services financiers, en : - diversifiant les produits financiers des IMF de façon à mieux répondre aux contraintes spécifiques des pauvres (assurances, crédit éducation, etc.) - adaptant les conditions d’octroi de crédit à leur réalité (garantie, montage des dossiers, niveau d’alphabétisation, conseil de gestion conditions de paiement et échéanciers,…), - développant les capacités et les outils d’épargne ; - rapprochant les services financiers des usagers (Banques mobiles) et en améliorant les conditions de suivi des crédits (implication des OPA) Développer les capacités des communes à animer des outils de gestion concertée de l’espace et des terroirs (délimitations, meilleur accès des pauvres au foncier, modes de gestion, délégation de responsabilités, gestion des conflits, arbitrage, contrôle,…), et à améliorer les conditions des faire valoir indirects. Analyser l’opportunité d’une réforme agraire Améliorer les systèmes d’information et d’échanges économiques Renforcer les outils de gestion des filières et les relations : dialogue interprofessionnel, outils contractuels, mécanismes concertés de régulation (prix), structuration de la filière, veille économique, relation avec l’Etat (réglementation) Développer des outils de formation professionnelle adaptés aux spécificités des pauvres (Dispositifs de proximité, formation pratique, supports écrits de post alphabétisation, support de gestion, recyclages périodiques, appuis à la ferme, animation d’échanges au village, bourses…) |
Permettre aux pauvres de tirer davantage de revenus de leurs ressources par la diversification des activités à caractère économique |
Le développement des activités non agricoles permet aux pauvres : - de réduire leur vulnérabilité vis-à-vis de contraintes chroniques du secteur agricole (accès au foncier, faiblesse des marchés, accès aux intrants…) - de pouvoir améliorer la plus value locale sur les différents produits (transformation, conditionnement…) - d’offrir de nouveaux débouchés à leur produits : artisanat/tourisme…) - de fournir certains services au secteur agricole : fabrication d’outils, d’équipements, entretien des équipements… Ces activités sont particulièrement adaptées aux besoins des groupes plus fragiles (femmes, jeunes,…) |
Développer des outils de formation professionnelle non agricole adaptés aux spécificités des plus démunis (Dispositifs de proximité, formation pratique, supports écrits de post alphabétisation, support de gestion, recyclages périodiques…) Développer des outils de conseil technique et économique de proximité ; il s’agit en particulier : - de maîtriser la demande du marché - d’organiser l’offre - d’offrir du conseil technique et économique (Choix d’investissement, montage de dossiers,…) - d’appuyer la mise en place d’organisations adaptées à l’organisation de la filière et à la demande du marché… - … |
[1] Les malgaches ruraux définissent la sécurité alimentaire par le fait de manger du riz trois fois par jour. La période de soudure se calcule donc par les périodes où on ne mange pas de riz au moins deux fois par jour. Toutefois, nombre de ruraux enfants et adultes ne bénéficient jamais de repas équilibrés selon les critères internationaux de sécurité alimentaire, même s’ils mangent du riz trois fois par jour.